L’un, Transdev, sera le premier nouvel entrant à exploiter mi 2025 une ligne TER conventionnée, entre Marseille et Nice. L’autre, Le Train, sera la première entreprise ferroviaire créée ex nihilo à exploiter des liaisons à grande vitesse domestiques en open access, dans le Grand Ouest fin 2025-début 2026. Tous deux doivent relever le même défi : trouver des conducteurs. Le premier, qui a besoin d’une quarantaine de membres du personnel, ne part pas d’une feuille blanche. Sa filiale, Transdev Rail Sud Inter-métropoles, va bénéficier du transfert d’un certain nombre de conducteurs volontaires venant de la SNCF, ce dans le cadre d’un processus très encadré et inspiré du transport urbain qui garantit pendant quinze mois les avantages sociaux SNCF avant l’adoption d’un accord d’entreprise. Selon plusieurs sources, le nombre de cheminots acceptant de travailler pour Transdev s’avère plus faible qu’attendu. « Pour compléter les effectifs en fonction du nombre de transferts, nous avons de toute façon établi des scénarios de recrutement extérieurs », relativise Claude Steinmetz, le président de Transdev Rail. Le groupe exploite deux filons : celui de conducteurs extérieurs volontaires (venant du fret ou d’autres régions SNCF) et celui de son propre vivier. « Dans le cadre de la mobilité interne, nous allons former des conducteurs de bus et de trams de nos réseaux urbains pour qu’ils conduisent des TER », continue-t-il. L’ensemble des conducteurs seront de toute façon formés à la ligne Nice-Marseille. De son côté, Le Train, qui doit recruter l’intégralité de ses effectifs sur le marché, s’est mis en quête de « 25 à 30 conducteurs dont certains venant du fret, du TER, de la grande vitesse », précise Catherine Pihan-Le Bars, directrice générale adjointe chargée des opérations, avec un panachage de chevronnés et de moins expérimentés. Cinq conducteurs moniteurs vont encadrer des professionnels moins aguerris ainsi qu’une quinzaine de néophytes qu’il faudra former de A à Z. Dans le cadre de sa politique RSE définie avec ses actionnaires (dont le Crédit Mutuel Arkéa), Le Train s’est fixé le défi supplémentaire d’attirer des femmes à la conduite.
Dans un marché très tendu, ces nouveaux entrants se trouvent en concurrence avec les entreprises de fret et avec la SNCF confrontée dans certaines régions (comme cela s’est vu dans les Hauts-de-France) à une pénurie de personnel. Une tendance qui profite aux conducteurs pouvant escompter des rémunérations à la hausse. Ayant intégré cette donne financière, Transdev et Le Train misent aussi sur leur positionnement géographique respectif pour faire la différence, le sud et la côte atlantique étant généralement accessibles aux agents SNCF après plusieurs années de carrière dans des régions comme l’Île-de-France. Outre la crainte de perdre leurs avantages sociaux, la réticence d’agents SNCF à s’engager chez Transdev peut s’expliquer par l’absence de perspective de progression de carrière dans le rail. La filiale de la Caisse des dépôts n’exploitant pas de trains grandes lignes, elle ne peut offrir de promotion comme conducteurs de TGV. Elle entend valoriser un atout en garantissant un meilleur équilibre travail-vie privée, en prenant systématiquement en compte les desiderata des salariés dans la fabrication des roulements.