A
vec la privatisation de Transdev dont l’industriel allemand Rethmann est en passe de détenir 67 % du capital contre 34 % jusqu’à présent, le modèle de chacun des trois opérateurs français de transport public tend à se différencier.
Numéro 1 avec 10 Md€ de CA atteint pour la première fois en 2024, le concurrent de Keolis et de la RATP qui est déjà le plus internationalisé (à 72 %) promet de prendre encore une autre dimension. « La famille Rethmann qui avait poussé Transdev à acquérir First en Amérique du Nord a les poches profondes et se tient à l’affût d’autres opportunités », explique un connaisseur. Pas question cependant de tourner le dos à la France, le maintien de la Caisse des dépôts à hauteur de 34 % du capital est destiné à rassurer les élus. S’il a abandonné du terrain à Keolis et à RATP Dev dans le transport urbain, l’opérateur est très attendu pour animer l’ouverture à la concurrence sur le marché du TER où il émerge comme l’alternative à la SNCF. Son objectif : gagner un appel d’offres par an. Reste que l’actionnaire majoritaire ne compte pas se satisfaire des marges actuelles (0,4 % avec 43 M€ de bénéfices). « Nous devons viser 1,5 à 2 % », explique le directeur financier Marcos Garcia. Keolis qui se spécialise sur les métros automatiques et les tramways n’est pas en reste en matière de performance commerciale, avec un gain de 700 M€ pour un CA de 7,6 Md€. Mais une dépréciation sur un contrat ferroviaire britannique a fait perdre 42 M€ à la filiale de la SNCF et de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Keolis, qui tire 52 % de son activité de la France, est plus exposé aux conséquences de la crise des finances publiques.
Quant au groupe RATP, la présentation en trompe-l’œil de ses comptes 2024 cache une perte de 25 M€. Le résultat net positif qui est affiché résulte d’une opération d’écriture liée à un transfert d’actifs immobiliers vers une filiale, tandis que les résultats de RATP Dev – dans le rouge et endetté – sont toujours tenus secrets. En dépit des années de délai, l’ancien monopole parisien apparaît mal préparé à la concurrence. Les bénéfices de son métier de gestionnaire d’infrastructures (278 M€ de résultat opérationnel) compensent les pertes de l’activité de mobilités urbaines (158 M€), qui regroupent celles de l’EPIC, de RATP Dev et de Cap Île-de-France.
Les trois opérateurs français qui tirent la plus grande partie de leur chiffre d’affaires de la délégation de service public affichent un dynamisme important.