Premiers travaux autour de la demande de transport de fret

©© iStock - Les travaux d’élaboration de la Stratégie nationale fluviale ont débuté le 18 février.

Un an après la publication de la Stratégie nationale logistique, le Comité interministériel de la logistique (Cilog) du 22 décembre a dressé un premier bilan. Sur 23 actions à conduire d’ici 2027, « 15 ont un taux d’avancement de 20 %, 8 de 40 % », selon le ministère des Transports. Les moins avancées concernent la compétitivité des chaînes logistiques au service de l’industrie, pour soutenir les relocalisations en France et le développement des territoires. Ce bilan passé, plusieurs mesures ont porté sur la transition écologique. Fragilisé par les économies prévues en 2024 par le ministère des Finances, un 3ᵉ appel à projets (APP) « Écosystème des véhicules lourds électriques » a été annoncé. Opéré par l’Ademe, il serait doté d’un budget de 130 M€, contre 60 M€ lors du précédent APP. En parallèle, les donneurs d’ordres, acheteurs de prestations de transport de fret, sont sommés de présenter des propositions et de nouveaux engagements pour décarboner leurs transports. Attendu au printemps, ce travail sera mené avec les services de l’État.

Stratégie nationale fluviale

Deux mesures ont mis la voie d’eau à l’honneur. Un avenant au contrat d’objectifs et de performance (COP) du 30 avril 2021 a été signé entre l’État et Voies navigables de France (VNF). Sa durée, prévue sur la période 2020-2029 initialement, a été prolongée jusqu’en 2032. Au cours de la prochaine décennie, le programme d’investissement du gestionnaire d’infrastructures fluviales atteint désormais 4,3 Md€, contre 3 Md€ sur la période 2020-2029 initiale. Pour compléter ce COP, une stratégie nationale fluviale sera lancée cette année. Son élaboration a commencé le 18 février autour de sept priorités. Les actions en faveur du report modal et du réseau à grand gabarit, dans la perspective de l’ouverture du canal Seine-Nord Europe, sont mises en avant, en synergie avec le réseau fluvial « secondaire ». Décarboner la flotte, valoriser le foncier situé bord à voie d’eau, conquérir de nouveaux marchés, et développer les ports intérieurs ainsi que la logistique urbaine sont d’autres ambitions de la future stratégie. D’ici 2030, la part modale du fluvial passerait de 2 à 3 %, dans les transports terrestres de marchandises en France, soit un trafic de l’ordre de 10 milliards de tkm et de plus de 75 millions de tonnes transportées.

Rail, corridors, régions, innovations…

Dans le cadre de la Stratégie nationale du fret ferroviaire, lancée en 2021, deux mesures sont annoncées cette année : le schéma directeur national du transport combiné et la stratégie d’aménagement du réseau ferré national pour le transport de semi-remorques. La démarche en faveur des axes interportuaires est également confirmée. Avec la poursuite des travaux sur le corridor Méditerranée-Rhône-Saône, un nouvel axe de coordination interportuaire et logistique sera étudié dans le Grand Est. Une mission de préfiguration a été confiée à la préfète de la région pour vérifier son opportunité et définir ses modalités de gouvernance. Ce projet résulte des conclusions de la conférence de la logistique organisée dans le Grand Est en 2023. Sur cet exemple, le Cilog a demandé aux préfets de région de reconduire ces conférences régionales en 2024. Elles auront notamment pour but de recenser les fonciers industriels et logistiques dans chaque territoire. Enfin, le comité interministériel a dévoilé les 16 lauréats de la 2 relève de l’appel à projets « Logistique 4.0 ». Depuis son lancement en 2022, 30 projets ont été retenus par cette démarche opérée par l’Ademe. Leurs lauréats se partageront un montant d’aides total de 68 M€. Consacrée à la digitalisation et à la décarbonation des mobilités, une nouvelle édition de cet APP est prévue cette année avec un budget d’environ 20 M€.

La plupart des mesures pour décarboner le transport de fret concernent la motorisation des véhicules, le report modal, la massification et la mutualisation des flux, ou encore, la localisation des infrastructures multimodales et des entrepôts. La demande de transport est un autre levier identifié, mais peu actionné à ce jour. Une étude de la direction générale des infrastructures et des transports et des mobilités (DGITM) a été présentée sur ce thème lors du dernier Cilog. Consacrée aux impacts des transformations industrielles et logistiques sur la demande de transport, elle décompose les marchandises en 27 filières. Ses résultats montrent que la demande transport de fret augmentera de 4,5 %, d’ici 2030, et de 12 % en 2050 (par rapport à 2019). À cette demande interne, l’étude a estimé le trafic en transit sur le territoire français. À ajouter, ce dernier s’apprécierait de 6,8 % d’ici 2030 et de plus de 12 % en 2050 (par rapport à 2019). En conclusion, la DGITM souhaite un dialogue avec les 27 filières pour affiner et mettre en œuvre des leviers de décarbonation. Appelés à être territorialisés, les résultats de son étude ont vocation à alimenter la prochaine stratégie de développement des mobilités propres (qui doit être produit en 2024) ainsi que la Stratégie nationale bas carbone.

Erick Demangeon

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