Dans un rapport publié fin juin, la Cour des comptes dresse un constat sévère sur la gestion et l’état des 621 km de routes nationales en Île-de-France. Supportant jusqu’à 4 millions d’usagers par jour, ce réseau « ancien est en mauvais état, nécessite d’être rénové et modernisé pour répondre à de nouveaux besoins, notamment au service de la transition écologique ». Actuellement, les routes nationales franciliennes sont gérées par la Direction des routes d’Île-de-France (DiRIF), un service déconcentré du ministère chargé des Transports.
Pour mener ses missions, la DiRIF mobilise plus de 900 agents. Elle dispose d’un budget annuel de près de 170 M€ auxquels s’ajoutent 120 M€ consacrés à la modernisation du réseau. « Alors que les crédits routiers ont augmenté de 40 % au niveau national », précise la Cour, cette dernière s’étonne que son budget soit resté figé depuis dix ans. « Ce sous-investissement chronique est d’autant plus incompréhensible qu’il touche la région la plus peuplée et la plus sollicitée de France. » Il n’exonère pas aux yeux de l’institution la responsabilité de la Direction dans le mauvais état des routes nationales franciliennes toutefois.
Malgré sa qualité de maître d’ouvrage, de gestionnaire et d’exploitant de ces infrastructures, la DiRIF ne disposerait pas de données ni d’outils sur l’état, la gestion et le suivi de ses activités. Lesquelles « ne font pas l’objet d’un suivi suffisant. La direction n’utilise toujours pas l’outil numérique national destiné à cette fin, préférant sa propre application ».
Sans analyse ni suivi de ses activités, il serait impossible de connaître « l’usage des routes et la décomposition de son trafic entre véhicules particuliers, utilitaires et poids lourds ». Autre critique de la Cour : « L’analyse des données sur l’accidentologie ne permet pas aujourd’hui d’expliquer son évolution. » Impossible dès lors « d’adapter la politique nationale de sécurité routière aux spécificités régionales » !
La tutelle de la DiRIF, multiforme et éclatée, participe sans doute aux constats dressés. Les questions budgétaires et techniques, la gestion des ressources humaines et la programmation des opérations relèvent de différentes instances du ministère (chargé des Transports) « sans qu’aucune n’ait une vision globale », note la Cour des comptes. « Renforcer l’animation et le pilotage de la DiRIF par la DGITM » fait partie des 13 recommandations formulées pour améliorer la gestion et l’état des routes nationales franciliennes.
Une première catégorie de mesures concerne le renforcement des outils, dont numériques, utilisés par la DiRIF pour évaluer qualitativement et quantitativement son réseau, sa maintenance, son usage en distinguant les véhicules, et l’évolution des trafics. À partir des données collectées et des audits réalisés de façon régulière, une programmation pluriannuelle définissant les priorités d’investissement est encouragée avec une meilleure prise en compte du plan régional de protection de l’atmosphère et de la politique nationale de sécurité routière. Enfin, un ensemble de propositions visent à mieux gérer et manager les agents de la Direction par un suivi de leurs activités, la mise en œuvre d’objectifs et d’indicateurs et une rationalisation des pratiques entre sites.