Le pari d’IDFM en 2025 : augmenter les recettes avec des tarifs en baisse

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Le 2 janvier 2025, un bing bang tarifaire promet de faciliter la vie des 4 millions de voyageurs occasionnels du réseau de transports franciliens. Pour attirer plus de monde sur son réseau, Île-de-France Mobilités (IDFM) fait le pari d’un billet au tarif unique de 2,5 € le voyage valable sur les bus, trams, métros, RER, et ce quelle que soit la distance. Grâce à cette déclinaison du Navigo dézoné à tarif unique, aller de Robinson à Roissy coûtera le même prix qu’un trajet en métro entre République et Charles-de-Gaulle Étoile dans Paris intra-muros. Le million d’usagers parisiens seront les seuls perdants dans la mesure où ils paieront un trajet occasionnel plus cher qu’aujourd’hui (2,15 € limité à 1,73 € avec le post-paiement Liberté +). Avec cette dernière formule, le nouveau prix de 2,5 € sera ramené à 1,99 €.

Cette refonte entraînera également une harmonisation du prix des dessertes aéroportuaires : 13 € quel que soit le mode de transport utilisé (Orlybus, métro, RER). Autre nouveauté, un ticket limité « bus et tram » à 2 € (1,60 € avec Liberté +).

Confrontée à des charges qui augmentent à mesure que le réseau des transports en commun s’étend et que le socle de base des contributions forfaitaires augmente plus vite que l’inflation, IDFM ne prend-elle pas le risque de réduire le taux de couverture des dépenses d’exploitation ? L’autorité organisatrice assume son pari, s’attendant à perdre dans un premier temps « 30 M€ de recettes commerciales par an » en raison de ce nivellement du tarif par le bas. « Sur environ 4 Md€ de recettes annuelles, c’est très limité, et nous pensons que ce coût sera ensuite couvert par le report d’un certain nombre de personnes qui abandonneront la voiture », estime sa présidente Valérie Pécresse qui a dévoilé le 18 septembre cette évolution tarifaire majeure, point final d’une refonte du système de tarification entamée en 2015. Si l’effet recherché opère, le trafic pourrait augmenter de 1 à 2 %. Cette réforme intervient alors que l’offre de transport s’accroît, rendant le réseau plus attractif en alternative à la voiture. Après les prolongements de lignes de métro et de tram existant, 2025 verra la ligne 15 sud du Grand Paris Express ouvrir au public.

Cette simplification tarifaire, qui entraînera la disparition des 5 zones, va de pair avec une simplification technique synonyme de fluidité. L’AO ne compte en effet pas seulement sur le levier économique pour favoriser le report modal. La complexité des tarifs, l’étape de l’achat du billet au distributeur, la crainte de se trouver coincé aux portillons du RER, qui peuvent parfois être dissuasives seront autant de barrières censées se lever. « Aujourd’hui, nous avons des grilles tarifaires incompréhensibles, avec 50 000 tarifs différents, totalement injustes », souligne encore la présidente d’IDFM. Toutefois, l’accès à Orly par la ligne 14, qui nécessite l’achat d’un billet spécial, constitue un point à améliorer, nombre de touristes se trouvant bloqués en voulant gagner l’aéroport faute d’informations.

Cette réforme programmée remporte les suffrages. C’est « une grande victoire pour 4 millions d’usagers du réseau francilien qui ne possèdent pas de carte Navigo », salue l’association La Vignette du respect, qui fédère des usagers du RER. Hormis la hausse des tarifs pour les Parisiens, l’AUT apprécie « une simplification qui est allée plus loin que les discussions menées avec IDFM ». « C’est une petite augmentation à Paris, au profit d’une égalité territoriale à laquelle on est attachés », commente Jacques Baudrier, administrateur communiste d’IDFM. De quoi sans doute dévitaliser en partie le débat sur la gratuité des transports lors des prochaines élections sur la région capitale (municipales en 2026 et régionales 2028), un thème qui progresse en province, Montpellier étant la première grande métropole à franchir le pas cette année. Reste tout de même le cas du passe Navigo qui augmentera à 88,8 € en 2025. Mais l’AO fait valoir que son montant est payé à 50 % au moins par l’employeur.

Marc Fressoz

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