Le groupe RATP est sur le point de s’extirper du bourbier londonien, foyer de pertes chroniques pour sa filiale RATP Dev. L’opération en cours devrait faire taire ses détracteurs, certains élus franciliens ainsi que ses concurrents soupçonnant l’EPIC de combler les pertes de certains contrats étrangers avec une partie de l’argent tiré de ses activités de monopole historique. Le groupe présidé par Jean Castex a ainsi annoncé le 10 décembre l’entrée en négociations exclusives avec un acheteur potentiel, l’anglais First Group, prêt à acquérir l’ensemble de ses contrats d’exploitation de lignes de bus. Situées dans l’ouest et le centre de Londres, elles sont opérées via RATP Dev Transit London (RDTL) pour le compte de Transport for London. Attendue pour 2025, la transaction concerne trois sociétés : London United Busways Limited, London Sovereign Limited et London Transit Limited, qui exploitent 89 lignes avec 10 dépôts, 982 bus et 3 700 personnes. First Group prendra ainsi pied à Londres en rachetant les 12 % de parts de marché détenues par le groupe français dans le Grand Londres. Il acquiert ainsi un réseau dont 34 % de la flotte est déjà électrique contre 16 % chez les autres opérateurs avec les 100 % en vue pour 2030.
L’EPIC cherchait depuis 2022 à se défaire de ses bus qui accumulaient quelques dizaines de millions d’euros par an. Les raisons ? Des contrats parfois mal négociés et des pénalités de retard en raison d’une pénurie de chauffeurs. Après un travail pour rétablir les fondamentaux, la RATP en tirera 109 M€, le chiffre d’affaires annuel s’élevant à 325 M€. Toutefois, RDTL restera sur le fil du rasoir, First ne prévoyant pas de « cash-flow positif avant 2027 ». Ce retrait de Grande-Bretagne marque aussi une inflexion des orientations de RATP Dev qui va désormais « consacrer ses ressources sur ses marchés clés : métro automatique et rail urbain », signale sa maison-mère.
Avec le départ de la RATP, la concurrence entre opérateurs français de transports publics promet de s’assainir en Grande-Bretagne. La Régie et Keolis, présent dans le bus, le tram et le train régional, ne se retrouveront plus en compétition comme par le passé sur des marchés de bus. Quant à Transdev, après avoir tiré une croix sur le marché du train régional il y a une vingtaine d’années, il s’est replié sur des contrats de bus dans le Lancashire et le Yorkshire ainsi que sur des activités de transport aéroportuaire.