Premiers effets du paquet mobilité dans le transport routier européen ?

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La Pologne confirme sa place de leader sur le marché du transport routier européen. Près de 20 % des tonnes.kilomètres (t.k) produites en 2022 dans l’UE, élargie à la Norvège, à Malte et à la Suisse, l’ont été par ses transporteurs, selon le Comité national routier (CNR). Le pavillon polonais est d’ailleurs le seul à progresser en 2022 sur un marché globalement stable (+ 0,1 %). À l’exception du cabotage, toutes ses composantes ont fini en équilibre par rapport à 2021. Les flux domestiques s’y développent de 0,1 %. À l’origine de 62 % des t.k produites, ce segment a perdu cinq points en dix ans au profit des trajets internationaux (38 %). Ces derniers consolident plusieurs trafics : le bilatéral, stable sur la décennie à 25 %, les échanges entre pays tiers, en progression de trois points sur dix ans (10 %), et le cabotage qui a triplé son activité sur la période (3 % désormais). Cependant, cette « photographie » sur la décennie écoulée diffère des tendances constatées en 2022. La stabilité des flux internationaux résulte ainsi d’une augmentation des flux bilatéraux (+ 1 %) et de baisses des expéditions entre pays tiers (- 0,1 %) et surtout du cabotage (- 8,9 %).

France 4e… grâce à son marché domestique

Tous segments confondus, les deux tiers des t.k sont produits par cinq pavillons. Derrière celui de la Pologne, apparaissent ceux de l’Allemagne (- 1,1 %), de l’Espagne (- 1,3 %), de la France (- 0,9 %) et de l’Italie (+ 4,2 %). Ce top 5 ne change pas par rapport à 2021. Quelques pays tirent leur épingle du jeu à l’image de l’Italie : la Tchéquie (+ 3,2 %), la Roumanie (+ 4 %) ou la Norvège (+ 8,3 %) et la Slovaquie (+ 4,3 %). En revanche, d’autres reculent de façon sensible, comme les Pays-Bas (- 4,4 %), la Lituanie (- 6,9 %) ou la Belgique (- 7,4 %), l’Estonie (- 13,3 %) et la Lettonie (- 3,5 %).

Les pays d’Europe de l’Ouest dans le haut du classement le doivent à leur marché national. Sur ce segment, l’Allemagne arrive en tête devant l’Espagne, la France, la Pologne et l’Italie. À titre de comparaison, les flux domestiques pèsent un tiers environ des t.k produites par le pavillon polonais. Dans le cas de l’Espagne, ils représentent 67 %. En Allemagne, en France et en Italie, ils sont compris entre 88 % et 93 % (cas du pavillon français).

Sur leurs terres, les transporteurs originaires d’Allemagne, d’Espagne et de France sont à la peine toutefois avec des replis de trafics de 1,3 à 2,4 %. À l’inverse, les pavillons routiers polonais et italiens s’y développent de, respectivement, 3,9 et 2,9 %. Illustrés par la Pologne, les pavillons originaires des « nouveaux États membres », issus d’Europe centrale en particulier, ont augmenté de près de 3 % leurs trafics sur leurs marchés nationaux.

Un sursaut à confirmer

À l’international, la Pologne domine sans partage sans progresser toutefois. Son pavillon s’empare d’un tiers des trafics, soit trois fois plus que son poursuivant l’Espagne, dont les transporteurs y progressent de 1,2 %. En troisième position, le pavillon lituanien dévisse de 6,1 %.

Plusieurs pays d’Europe de l’Ouest, en souffrance à l’international ces dernières années, enregistrent de meilleurs résultats. En témoignent l’Italie (+ 14,6 %), la France (+ 4,4 %) et le Portugal (+ 1,4 %). Les Pays-Bas et la Belgique confirment leurs difficultés générales avec des baisses à l’international de, respectivement, 7,5 et 11,5 %. À l’image de la Lituanie, les pays baltes enregistrent des reculs significatifs (- 20,2 % pour l’Estonie !). Dans l’ensemble, les « nouveaux États membres » consolident deux tiers des trafics internationaux. Pour la première fois depuis plusieurs années, ces derniers ont légèrement diminué cependant (- 0,1 %).

Deux événements éclairent les évolutions des pavillons routiers européens en 2022 : la guerre en Ukraine et le paquet mobilité. Les pays baltes et, dans une moindre mesure, scandinaves, voisins de la Russie et de la Biélorussie, ont été impactés négativement par le premier. L’entrée en vigueur du paquet mobilité a modifié les règles du transport routier dans l’Union, dont celles du cabotage. Il le limite à trois opérations sur sept jours avec une période de carence de quatre jours entre chaque opération. Les pavillons européens champions du cabotage ont connu des baisses d’activité significatives sur ce segment : – 12,6 % pour la Pologne, – 11 % Lituanie, – 9,7 % Roumanie, – 15 % Bulgarie, – 43 % Estonie… Les transporteurs espagnols et néerlandais, acteurs historiques du cabotage, y ont réduit aussi la voilure de l’ordre de 15 %. En parallèle, les pavillons routiers originaires des « nouveaux États membres » se sont en partie recentrés sur leurs marchés domestiques exprimant des besoins en transport routier en croissance.

Erick Demangeon

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