Début mars, CMA CGM par la voix de son PDG Rodolphe Saadé annonçait en présence du président Donald Trump un investissement de 20 Md$ aux États-Unis au cours des quatre prochaines années. Les objectifs poursuivis par le groupe français sont multiples et croisent ceux de Donald Trump. Dans l’espoir sans doute d’échapper aux taxes envisagées sur les navires construits en Chine escalant aux États-Unis, l’investissement de CMA CGM prévoit de « muscler » sa filiale maritime au nom prédestiné American President Lines (APL). Sa flotte sous pavillon américain passera de 10 à 30 navires, soutenant par la même occasion la relance de la construction navale outre-Atlantique. Dans le même temps, les capacités portuaires de CMA CGM sur les côtes est et ouest à New York, Los Angeles, Dutch Harbor, Houston et Miami seront augmentées. De nouveaux entrepôts logistiques seront également construits pour accompagner le redémarrage de l’industrie automobile locale. Enfin, le groupe français s’engage à ouvrir un hub aérien à Chicago, avec une flotte de cinq nouveaux Boeing 777-F rattachée, et un centre R&D à Boston consacré à la robotique et à l’automatisation logistiques. Au total, ces actions pourraient créer jusqu’à 10 000 emplois.
Avant l’annonce de CMA CGM, Donald Trump a annoncé le 4 mars le rachat par le gestionnaire d’actifs BlackRock des ports de Balboa et Cristobal aux extrémités du canal de Panama auprès du hongkongais Hutchison. Or, le président des États-Unis a omis de préciser que ce rachat était conduit par un consortium. Lequel rassemble BlackRock, mais aussi l’armement italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC) via sa filiale Terminal Investment ltd (TIL) dont 20 % du capital est détenu par le gestionnaire d’actifs. La transaction négociée depuis plusieurs mois couvre 43 ports appartenant à Hutchison pour un investissement d’environ 23 Md$. Sur les 43 sites dans 23 pays, BlackRock serait majoritaire dans les deux panaméens tandis que TIL posséderait les 41 autres. La transaction avec Hutchison est soumise à l’aval des autorités de la concurrence de plusieurs États et la Chine pourrait intervenir auprès du groupe hongkongais également. Dans le cas où la vente se réalise, MSC deviendrait le premier opérateur de terminaux portuaires au monde en plus d’être déjà le premier armateur conteneurisé mondial.