La tendance est préoccupante avant les Jeux olympiques de 2024 qui verront des dizaines de millions de personnes affluer et se déplacer en France. La ponctualité des transports se dégrade. 2022 est « l’une des pires années parmi les dix dernières en matière de ponctualité », alerte l’Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST) dans son rapport annuel publié le 15 juillet. Le constat vaut pour le train, mais aussi pour l’avion. « Toutes les catégories de vols (court, moyen et long-courrier) » ont enregistré de piètres performances. Les imprévus ont été légion. En moyenne, 19,4 % des vols intérieurs (versus 10,9 % en 2021) ont atterri avec un retard de 44 min en moyenne. Ce taux s’approche des 30 % pour les moyens (46 min) et long-courriers (51 min). La dégradation la plus sévère d’une année sur l’autre est à mettre au compte des moyen-courriers avec un quasi-doublement des avions en retard (28,1 %). Pour l’anecdote, ce sont les habitués de la ligne Nice-Strasbourg qui ont le plus souffert avec 4 avions sur 10 retardataires !
Les voyageurs ayant préféré le train n’ont pas été récompensés en 2022. Tous les services ont vu leur performance se détériorer. Les retards à haute fréquence ont moins pénalisé le mass transit que les trains transportant des volumes restreints de voyageurs. Le palmarès par ordre décroissant : les Intercités avec 16,7 % de retard en 2022 (vs 14,1 % en 2021), les lignes internationales avec 16,2 % (vs 10,3 %), les TGV 14,2 % de retard (vs 11,3 %). Sur le réseau RER et Transilien, le taux de retard a certes augmenté (9 % en 2022 contre 8 % en 2021). Cependant la tendance s’améliore par rapport aux 9,7 % de 2019. Seul point noir, le RER B (14,5 %). Les TER sauvent l’honneur du rail avec un taux de retard de 8 % (contre 7,1 % en 2021) avec des écarts importants : 4 % en Bretagne, mais 11 % en Occitanie. Dans cette région, 40 % des retards proviennent du matériel roulant.
Dans quelle mesure faut-il s’inquiéter avant 2024 ? Autrement dit, quelle est la part des causes maîtrisables et celle des autres qui le sont moins ? « Épisodes climatologiques extrêmes », conflits sociaux étalés dans le temps, ces éléments conjoncturels ont particulièrement pesé sur le rail, note l’AQST. Sur le plan structurel, la hiérarchie de l’origine des difficultés n’évolue pas fondamentalement : causes externes au rail et sujet d’infra pour le TGV ; causes externes talonnées par l’infra dont la part progresse pour les TER. Pour les Intercités, l’infrastructure est le véritable talon d’Achille. Dans l’aérien, le déconfinement de plusieurs pays a pu prendre de court les compagnies en panne de recrutements. « On a assisté à un redémarrage d’un secteur qui était presque à l’arrêt », note l’AQST. Les mesures sanitaires dans les aéroports ont également joué un rôle. Mais la cause première des problèmes sur les liaisons domestiques et moyen-courriers reste la gestion de « l’enchaînement des vols ». Elle n’a jamais eu une telle place dans la première catégorie de vol (27,6 %) et pèse 42 % dans la deuxième, comme en 2018.