La RATP fragilisée par des doutes sur la maintenance de ses bus

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La RATP affronte une controverse la forçant à mener une opération de transparence sur la façon dont elle soumet ses bus aux obligations de contrôle technique. Après les conclusions d’une enquête interne communiquées début septembre à Île-de-France Mobilités (IDFM) qui la dédouane de toute tricherie, son PDG Jean Castex cherche à dissiper tous les doutes. Le 6 septembre, il a demandé au ministère des Transports de procéder à un audit des procédures d’entretien de l’entreprise publique. Cette initiative vise à répondre aux graves accusations portées par une enquête du Parisien (06/09) sur la foi de témoignages internes. L’enquête soutient que dans certains dépôts, la RATP inciterait, depuis plusieurs années, des conducteurs de bus à « effacer tous les voyants signalant un souci technique sur le tableau de bord avant le passage au contrôle technique », obligatoire tous les six mois. L’objectif serait de limiter le retrait des véhicules de l’exploitation commerciale pour maintenance et contre-visite, afin d’éviter des pénalités de la part d’IDFM. Un ex-administrateur syndiqué témoigne à visage découvert sur une vidéo, tout comme deux chauffeurs, mais de façon anonyme.

Après avoir ciblé le profil des témoins– « l’un a eu un accident de conduite et fait l’objet d’une procédure », indique un administrateur – et avoir vivement condamné ces accusations, la RATP s’est sentie obligée de préciser l’usage fait, dans le cadre de la maintenance qu’elle réalise elle-même, des boîtiers de diagnostic fournis par les constructeurs. Leur fonction ? Lire l’ordinateur central afin d’identifier avec précision les problèmes se cachant derrière l’allumage des voyants du tableau de bord. Ces boîtiers permettent également une « remise à zéro » (ou « acquittement ») des alertes en cours, mais « ne désactive cependant pas définitivement les voyants », a assuré Jean Castex dans un message interne. Cette remise à zéro « efface les dernières mesures de la mémoire de l’ordinateur central du bus, qui procède alors à de nouvelles mesures de l’état de ses organes ». Si un défaut existe réellement, « le voyant ne s’éteint pas après l’acquittement de l’alerte », a-t-il ajouté. Masquer « n’est pas possible », conclut-il. Néanmoins, on apprend qu’une remise à zéro des voyants est techniquement possible. Dans « un seul cas très particulier », admet Jean Castex, « il est demandé au conducteur d’utiliser le boîtier de diagnostic pour acquitter l’alerte, ce qui éteint le voyant » : cela se produit lorsque pour aller au contrôle technique, le véhicule circule sur voie rapide à une vitesse inhabituelle qui fausse les mesures de pollution.

Cette crise, qui fragilise la RATP, intervient alors que l’entreprise aborde un tournant historique délicat. Son monopole prend fin à Paris, ses lignes vont faire l’objet d’appels d’offres organisés par IDFM, auxquels Keolis, Transdev et ATM notamment ont déjà fait acte de candidature. Les mauvaises performances du réseau de surface ne jouent évidemment pas en sa faveur. Au fil des ans, la vitesse commerciale de ses bus a baissé en même temps que sa productivité, le manque de conducteurs et les réaménagements de la voirie parisienne ne suffisant pas à expliquer cette tendance. La question de la stratégie et de la performance opérationnelles de la régie doit redevenir la préoccupation première de ses dirigeants.

Marc Fressoz

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